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Lorsque la blessure d’humiliation rime avec emprise, quête d’amour et attente

Lorsque le parent rejette son enfant, il transfère sur lui sa propre souffrance. L’enfant n'est soit pas à la hauteur des espérances et fantasmes du parent, soit il a ce quelque chose en trop, mais dans un cas comme dans l’autre, il dérange, sa simple présence est problématique, il est décevant… Il réprime alors son enfant dans son développement en l’humiliant, le dénigrant, le rabaissant, le brimant, le disqualifiant. Le parent dévalorise pour détruire ce qu’il y a de mieux en son enfant pour ne pas voir ses propres manques et souffrances. Le parent lui brise alors l’esprit critique et se positionne en tant qu’unique sachant. L’humiliation a pour but de le soumettre, qu’il ne puisse se soustraire à lui. Cela détruit le lien d’amour entre le parent et l’enfant, l’enfant est alors objet, une arme qui se retourne contre l’enfant lui-même en comportements autodestructeurs.

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L’enfant est doté d’une tolérance sans limite. Il est prêt à tout accepter, excuser, pardonner, à prendre la faute sur lui. Il se retrouve ainsi dans un conflit de loyauté, il perçoit très tôt que ce qu’il vit n’est pas juste mais, dépendant de ses parents et dans un amour inconditionnel naturel, il aime son père/sa mère et souhaite être aimé en retour, alors, dans sa stratégie, il devient l’enfant puis l’adulte idéal (en espérant recevoir de l’amour par la récompense : de la considération) ou est l’enfant puis l’adulte rebelle (en espérant recevoir de l’amour en amenant les regards sur lui, la punition sera amalgamée à de l’attention).

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Lorsque l’humiliation se joue entre enfant-parent du même sexe, la violence de l’humiliation est accentuée bien souvent par le fait que l’enfant est perçu inconsciemment, par le parent déficient, comme celui qui rentre en concurrence avec lui. Le rabaissement permet alors autant de ne jamais faire de l’enfant un homme ou une femme (même une fois adulte) que de le garder sous son joug. Ainsi, est éteinte la force de vie de l’enfant en l’écrasant. Et, si ce dernier cherche à s’émanciper de cette emprise qui l’empêche d’être (même une fois adulte), les humiliations augmentent, le parent n’hésitant pas à utiliser des tiers pour justifier sa violence, l’emprise doit perdurer pour protéger sa propre souffrance.

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L’enfant parvenu à l’âge adulte ne supporte pas l’humiliation, cela se manifeste par la peur du regard de l’autre sur lui (peur du jugement, de la critique, du rejet, de l’exclusion, rapport particulier avec son physique, etc). L’Être compense en se forgeant une belle image de lui afin que les regards soient positifs, il peut également se résigner à cette image négative qu’on lui a donnée, s’en accommodant et en subissant les humiliations comme une normalité ou les reproduit en devenant celui qui humilie à son tour. Lorsque l’Être se retrouvera face à des humiliations, les réactions passent autant par une acceptation-soumission qu’une agressivité-domination (ainsi l’oppressé peut se transformer en oppresseur).

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L’humiliation provoque un repli sur Soi. Le regard est tronqué autant sur soi que sur les autres et sur ce que l’Être s’imagine que les autres pensent de lui... Ainsi, cela entraîne soit un rejet de lui-même soit un narcissisme. L’Être se sert des autres pour conforter l’image qu’il a créé de lui (positive ou négative). Or, si les comportements des autres qui affluent en son sens et viennent donc accréditer son mécanisme de défense, cela produit souvent l’effet inverse qui se traduit par jugements et critiques qui viennent réappuyer sur sa blessure. L’Être est complètement dépendant du regard des autres et ses réactions propres ne sont là que pour tenter de combler sa blessure béante. C’est dans l’acceptation de sa fragilité, qu’il peut modifier son regard, qu’il comprend alors qu’il ne fait que prendre chez l’autre, pour pouvoir ensuite passer dans le don. Prendre gangrène la blessure. Le fait de donner libère l’attachement à l’image de Soi pour s’effacer de son mécanisme et être dans son Cœur. L’autre devient alors une possibilité d’expansion. Se donner, s’offrir libère de l’égocentrisme.

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L’Être est également dans l’attente que l’autre l’aime, il rejoue la blessure de l’enfant : que le parent finisse par le voir telle qu’il est et l’aime ainsi. L’Être a fini par avoir peur d’être lui même. L’attente l’immobilise et l’empêche d’être, détruit sa capacité d’action. Lorsqu’il se retrouve humilié, l’Être est alors acculé et reproduit mécaniquement son mécanisme destructeur. Cela insensibilise et anesthésie sa capacité de discernement. Et quelque soit la réaction, elle sert pour alimenter l’autre. Les relations sont mortifères.

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La non attente permet d’être action, et l’action permet d’Être… L’enfant devenu adulte peut ainsi devenir lui même quelque soit l’attitude de l’autre, cela glisse sur lui. En effet, il se détache du regard de l’autre pour exister. Il se crée. Il EST. Et, il regarde avec détachement l’agitation extérieure s’il y a, cela ne le blesse plus. N’étant plus affecté, si l’autre est dans une tentative ou attitude d’humiliation, il cesse alors d’alimenter par sa blessure la rage de l’autre immédiatement, il coupe ainsi le lien nécrosé à sa racine. Ne rien attendre de l’autre c’est autant s’aimer soi-même que d’accueillir/accepter l’autre tel qu’il est, pour ce qu’il est. Cela est ouverture de Cœur… <3


Céline (06/06/16)

https://www.desvaguesalame.com/


Dessin : Steve Walker


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