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La fratrie, quand l’ainé expérimente l’amour exclusif

La place dans la fratrie a une signification dans le développement de l’Être. Lorsqu’un enfant, en particulier s’il est désiré, souhaité, arrive dans une famille relativement équilibrée et qu’il est le premier, il est alors le centre de l’attention de ses parents voire même de la famille élargie (grands-parents, etc). L’amour se focalise sur lui. Il a éventuellement à accepter que son père et sa mère puissent s’aimer tous les deux en dehors de lui-même (et ainsi comprendre que l’Amour n’est pas uniquement donné à lui). Sa frustration reste toutefois modérée.

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En fonction de la famille où il est, ce 1er enfant peut être davantage choyé (l’enfant tant attendu, selon son sexe, la culture, etc). Il peut même être un enfant qui accapare toute l’attention, notamment dans l’amour maternel, et faire ainsi de l’ombre au père (la mère entrant dans le rôle de la maman en délaissant la femme en elle donc son conjoint).

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Mais lorsqu’un autre enfant arrive, que l’ainé y soit préparé ou non, qu’il ait envie d’un camarade de jeu, d’un petit frère ou d’une petite sœur ou qu’il rejette l’idée, la venue de ce nouvel être va perturber l’organisation familiale, la place de chacun. L’ainé n’a plus ses parents, notamment sa mère, pour lui tout seul. Cela va amener une frustration car ses parents n’ont plus autant de temps à lui accorder, l’amour sera réparti, partagé. Or, dans sa perception d’exclusivité, le partage est considéré comme un désamour, un rejet. Il a intégré que tout l’amour convergeait vers lui, il ne peut donc concevoir que les autres, notamment ses frères et sœurs, peuvent recevoir ce qui lui était auparavant exclusivement destiné. L’exclusivité se transforme en possession. Et l’enfant n’a de cesse de récupérer ce que les autres lui ont pris, c’est à dire l’attention, l’amour et sa place.

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Ce nouvel enfant est alors perçu comme un « voleur », il peut être ainsi rejeté (« il est moche », « j’en veux pas », « rends-le ») et/ou attiser de la concurrence. Apparaît alors, chez l’ainé, de la jalousie et une forme de compétition pour obtenir l’attention de ses parents (exemples : chercher un câlin quand son frère ou sa sœur est dans les bras de sa mère, faire mieux que l’autre pour avoir les félicitations du parent, faire des bêtises pour attirer les yeux et les égards sur lui, accuser l’autre pour le dévaloriser voire le martyriser et se placer au-dessus, etc). Tout cela peut se faire dans un rejet total de son frère ou sa sœur mais, le plus souvent, une réelle complicité a été créée entre eux. L’enfant navigue donc entre entente fraternelle et rivalité qui peut tendre vers la méchanceté pour retrouver l’amour de ses parents. Ceci peut s’accentuer en fonction de l’attitude des parents et surtout d’un manque de communication entre eux et leurs enfants…

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La frustration peut grandir avec l’arrivée d’autres enfants. Plus il y a d’enfants, plus l’amour est partagé et cela peut devenir insupportable pour l’ainé (Il peut ainsi réagir en s’exclamant « mais vous allez en faire combien encore ? »). Ce sentiment d’être bafoué augmente d’autant plus que l’ainé sent une différence dans l’éducation entre lui et les plus jeunes. Les parents lui semblent plus laxistes avec les autres qu’ils l’ont été avec lui. Ainsi, dans sa perception, non seulement la fratrie lui a pris ses parents mais en plus, ils ont des attentions que lui n’a pas eu (ne voyant pas lui-même qu’il a reçu des attentions particulières par rapport à sa place d’ainé). Il ne voit que la frustration. Le partage de l’amour n’est pas, pour lui, un apport mais une perte, un manque. Il se met alors à quantifier, comparer, graduer et juger l’amour.

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Si sa place d’ainé ou d’enfant unique le positionne à une place « privilégiée » alors l’enfant peut se développer dans un narcissisme où il existe alors au travers des attentions des autres. Il ne peut alors exister par lui-même, il a besoin de l’amour de l’autre.

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Etre l’ainé, c’est découvrir, un temps, l’amour sous forme exclusive. Mais, l’enfant qui n’a pas su sortir de l’amour exclusif, cherche, une fois adulte, à avoir une place unique auprès des autres (mari, femme, ami(e), même au niveau professionnel). Il veut alors avoir une place au-dessus des autres (meilleur(e) ami(e) par exemple). Il reste dans la comparaison. Tout ceux avec qui, il se pense en compétition (en risque) sont une source d’angoisse, il peut même reprocher à l’autre d’avoir eu un passé (les ex de son compagnon ou sa compagne par exemple). Il veut être au centre de l’attention et s’il ne l’est pas cela déclenche un réactionnel oscillant entre tristesse, amertume, colère, vengeance, jalousie. Sa recherche d’amour exclusif l’entraine dans la possessivité et ce qui est à lui ne peut être aux autres. Les autres sont donc des menaces. Il demande à être sans cesse rassuré, un puits sans fond qui épuise lui et l'autre.

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Pour sortir de cette perception tronquée, l’Être a à comprendre que l’exclusivité n’est pas de l’amour mais un attachement qui enferme. L’Amour grandit en se divisant. C’est le principe même de l’amour… Pour comprendre cela, l’Être a, à se reconnecter à ce qu’il a ressenti enfant dans le partage de l’amour qu’il a éprouvé : son père, sa mère et/ou autre. L’enfant ne peux choisir ni hiérarchiser ce qu’il ressent au fond de son Cœur entre ses figures parentales (L’Amour est ainsi, non comparable). Il peut juste concevoir des préférences dans les manifestations de l’amour (aimer faire ci ou ça avec son parent par exemple). L’enfant est naturellement dans le don d’Amour car cela émane de lui spontanément.

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L’adulte, au travers de son enfant intérieur, a à se faire comprendre qu’il sait au fond de lui que l’amour a toujours été partage. Il a à embrasser les souffrances de l’enfant quant à sa blessure narcissique : les autres ne lui ont pas volé de l’amour, il n’a juste pas supporté de ne plus être le centre d’attention. L’exclusivité est donc l’expression d’un déséquilibre égocentrique. Sortir du moi, de l’amour exclusif, c’est ouvrir son Cœur aux infinies expressions de l’Amour et de son Être. C’est offrir la liberté à l’autre.

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Sortir de l’exclusivité, c’est aussi apprendre à s’Aimer dans sa singularité. C’est comprendre que l’autre n’est pas en danger, un faire-valoir, une nécessité pour exister. L’Être a donc à apprendre à exister par lui-même sans l’approbation, le consentement, la permission ni même l’amour d’autrui et sans non plus rejeter les autres quand ils ne répondent pas à ses attentes...

L’Être a donc à transcender l’exclusivité par le don d’amour : « je te donne parce que je t’Aime, parce que tu fais vibrer mon Cœur mais je ne te demande pas de répondre à mes besoins, à mes attentes, à mes envies, mes projections ». L’Amour ne séquestre pas. L’exclusivité n’est pas possible car se demander à l’autre d’être un absolu pour Soi ou être soi-même être un absolu pour l’autre, ce qui n’est pas possible. Lorsque l’Être remarque que c’est l’ensemble des autres qui lui apporte équilibre, bien-être et joie alors son Cœur s’ouvre. Plus il s’épanouit en donnant dans la multiplicité plus il accueille les autres dans leur singularité, ils les aime pour ce qu’ils sont, ce qu’ils lui donnent et les délivrent de ses troubles intérieurs. Ils ne demandent plus aux autres qu’ils soient comme lui veut qu’il soit. Alors, assis dans l’Amour qu’il a de lui-même, qu’il donne, il peut concevoir que les autres aiment aussi dans la multiplicité, qu’il n’est alors pas moins aimé de ne pas être le « seul », il devient heureux d’être choisi pas l’autre, aimé par l’autre pour ce qu’il est…

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L'Amour n'est pas exclusif. C'est dans la multiplicité que l'Être se révèle, se sent libre. C'est dans la pluralité que son Amour grandit, se déploie. C'est dans le don, sans limite, que l'Être fertilise son Coeur et se propage...


Céline (03/17)

https://www.desvaguesalame.com/


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