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Tuer son père, sa mère et... l’enfant

L’Être humain est un enfant qui ne peut s’envoler… Il est enfermé dans son enveloppe d’enfant dépendant de ses parents et des autres pour exister.

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Le rôle des parents est de contribuer au développement de l’enfant. Et, cet enfant ne leur appartient pas, comme les parents n’appartiennent pas à l’enfant. Au moment où l’enfant est prêt, celui-ci a à s’envoler pour vivre sa vie, devenir dans cet inconnu, créer sa vie, expérimenter par lui-même. Mais comment peut-il y arriver s’il reste cramponné à rester un enfant attaché à ses parents ? L’Être a donc à couper le cordon avec ses parents, à tuer l’image de son père, sa mère et de lui-même. Il est en pleine capacité de vivre seul sa vie. Il est autonome et capable de prendre soin de lui. Il n’a plus besoin de ses parents.

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Il est nécessaire pour l’oisillon d’avoir ses parents pour grandir mais quand ses ailes sont prêtes à le porter, il quitte le nid et s’envole… pour ne plus revenir. Alors certes, l’Être n’est pas non plus dans le devoir de rayer de sa vie ceux qui l’ont élevé mais il n’est pas non plus dans l’obligation de garder du lien quand rien d’autre ne les attache hormis la filiation… Couper le cordon ne veut pas dire non plus mettre de la distance ( notamment géographique), c’est d’ailleurs souvent une façon maladroite et vaine de chercher à saisir les rennes de sa vie…

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Couper le cordon, c’est cesser de se voir comme un enfant et cesser de voir ceux qui l’ont élevé comme son papa et sa maman. Ainsi, l’Être ne recherche plus le cocon duveteux de maman (qui rassure) ou la force paternelle (qui protège), il n’est pas non plus dans l’attente de réparations ni même de pardon(s) concernant ses manques, ses besoins et ses blessures qu’il a eu enfant. Il ne cherche plus auprès de ses parents qu’ils soient ce papa et cette maman qu’il souhaitant tant… Il ne se voit plus non plus comme un enfant fragile et impotent. L’enfant n’est plus, il suffit de se regarder dans une glace pour comprendre cela. Les parents ont élevé l’enfant (et il n’y a pas à avoir de jugement). L’Être est adulte, il se retrouve donc face à des adultes. Cesser de voir le petit enfant tout comme le papa et la maman, c’est se voir et voir ceux qui l’ont élevé dans la simplicité de ce qu’ils sont : des hommes et des femmes.

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Mais que faire de ce nouveau regard ? L’Être a besoin d’être bien ancré dans sa justesse, car l’homme (le père) et la femme (la mère) qui sont devant lui, ne sont peut-être pas des personnes qu’il veut fréquenter (peu importe les raisons). Il n’a pas non plus à les voir sous le filtre de l’enfant qui méprise ou adule ses parents. Ces personnes ont leur personnalité, leur façon de vivre, de penser, d’agir qui ne sont peut-être pas en résonance avec lui. Et là, l’Être se retrouve face à des programmations concernant la famille (le lien parent-enfant). Il a à les surmonter, à passer au-dessus de ses peurs et du jugement. L’Être, adulte, a le droit de ne pas apprécier l’homme et/ou la femme en face de lui. Ceci n’est pas du jugement ni de la condamnation. L’Être a le choix des relations qu’ils souhaitent entretenir, et ce choix ne se fait pas par un lien d’obligation (parenté) mais plutôt par un choix de justesse comme il peut le faire avec n’importe qui d’autre dans sa vie…

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Ainsi, ne plus voir ceux qui l’ont élevés (si tel est son choix) ne signifie pas renier ce qu’ils sont, ni blâmer les parents qu’ils ont pu être, c’est juste que ces adultes n’ont plus rien d’autre à partager. Et ce n’est pas grave ! L’Être peut se voir comme un individu à part entière, dans la gratitude de ces personnes qui l’ont mis au monde, qui l’ont élevé (peu importe s’ils ont été des « bons » ou « mauvais » parents pour lui), sans rancune. Il se déleste du passé pour pouvoir s’envoler.

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Choisir de garder du lien avec ceux qui l’ont élevé, implique une nouvelle forme de relation et il ne peut pas en être autrement ! L’Être a donc délaissé son regard de papa et/ou maman chéri(e). Cette nouvelle relation se traduit par une ouverture entre hommes et femmes, dans le respect de la singularité de chacun, sans l’entrave du passé (de la filiation) sans « nostalgie » ni aigreur (les dossiers concernant l’enfance sont « clos »). Chacun s’accepte et s’accueille dans l’adulte qu’il est, dans ses forces et ses faiblesses. Chacun à sa place d’homme, de femme. Le regard parent-enfant et enfant-parent n’existe plus. Le passé est oblitéré… C’est une relation consciente, harmonieuse, équilibrée alors qui se dessine. Cela nécessite donc que chacun des protagonistes soit dans cette perception et ouverture…

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L’Être a à tuer son père et sa mère pour se libérer. Il a à démystifier leur rôle. Quelle que soit l’enfance qu’il a vécue, l’Être est vivant, c’est-à-dire qu’il a, dans son présent, les ressources pour survivre, il n’a pas besoin d’être rassuré, protégé, dorloté, encouragé, etc par son papa et sa maman... et de projeter ces attentes sur autrui. Il n’a pas besoin de se cacher sous les jupes de sa mère ni même de regarder avec admiration son père. Il n’a pas besoin de tout cela car il a tout en lui. Ses parents lui ont beaucoup apporté, l’ont fait grandir, que ce soit dans la souffrance et/ou l’amour. L’Être a donc la nécessité de se retourner vers lui-même, de se faire confiance et de puiser en lui, tout ce qu’il a, et qu’il ignore souvent, pour être et faire, ce qu’il désire. Tuer son père et sa mère signifie : je ne suis plus un enfant et je n’ai plus besoin de vous, mes ailes peuvent m’emmener où je veux.

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Cesser de se percevoir comme un enfant, c’est aussi commencer doucement à se voir comme « grand ». C’est une manipulation mentale de se percevoir comme « petit », incapable et impuissant. En se percevant toujours comme un enfant (consciemment ou non), l’Être ne reconnait pas son pouvoir créateur et le livre en pâture aux autres. Il se met alors dans l’attente que l’autre l’autorise, lui permette, lui dise « non », l’empêche, l’encourage, etc. Il est dans l’attente d'approbation ou l’improbation de ce qu’il est ou veut faire. Comme la société soutien une image familiale où les parents sont dans la toute-puissance, l’Être est empêché de grandir même si physiquement il est un adulte. L’Être est donc bridé et asservi ; son pouvoir créateur, d’autres vont s’en servir. Tuer le père, la mère et l’enfant, signifie donc que l’Être prend sa place dans ce monde et son monde. Il prend son autonomie et dissipe cette dépendance à l’autre. Il peut se créer, percevoir alors les autres et sont qui l’ont élevé, dans des nouvelles formes de relation, dans un partage plus éminent, où l’interaction prime pour faire grandir de part et d’autre. Il n’y a plus de lien de subordination mais un rapport d’équilibre et d’équité.

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S’émanciper est un passage douloureux car l’Être va l’encontre de tout ce qu’on lui a appris, il se retrouve face aux préjugés, aux jugements et dans un conflit de loyauté qui est lourd à porter. S’émanciper est comme une perception de trahir son père et sa mère, de les renier, d’être un enfant ingrat. Or, ce n’est pas du tout le cas, quelle que soit l’enfance vécue, l’Être a d’abord à faire un travail en profondeur sur ses blessures, sur ses liens avec ses parents, pour qu’il puisse ensuite aller vers cette libération. Concernant ces souffrances d'enfant, il ne cherche plus une réponse en ses parents, en autrui non plus, il prend l'entière RESPONSABILITÉ de ce qu'il en a fait et donc de s'en défaire. Il se libère ainsi du petit enfant en attente (garde celui qui est insouciant, joyeux) et il libère ses parents de ce rôle (car c’est aussi un poids pour un parent de conserver cette cape de père/mère). S’émanciper, est un acte d’Amour pour Soi, pour ceux qui l’ont élevé et pour la Vie…


Céline (05/05/17)

https://www.desvaguesalame.com/


Photo : Xavier (Taranus Cassanos)


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