L'enfant qui n'aimait pas son père, (ni) sa mère
Communément, il est dit qu’un enfant aime quoi qu’il arrive son parent, peu importe la souffrance, la maltraitance, comme s’il y avait cette obligation d’aimer… Si l’idée est ahurissante elle est aussi terrible pour l’enfant.
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Un enfant n’est pas obligé d’aimer son père et/ou sa mère… L’autoriser à ne pas les aimer, c’est lui permettre d’être en accord avec ses ressentis. Un enfant a le droit de ne pas vouloir passer du temps avec son parent, de ne pas être heureux avec lui, de ne pas prendre du plaisir avec lui, de ne pas chercher sa compagnie, de ne pas vouloir le voir et même de le rejeter. Un enfant a le droit de ne pas aimer son parent parce que celui-ci est « indigne » de son amour. Un enfant a le droit de ne pas aimer son parent car ce dernier est malveillant, défaillant, qu’il n’est pas un bon parent pour lui.
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Il est important de se l’entendre dire, d’autoriser ses propres enfants à ne pas aimer ses parents (et tomber de son piédestal) comme de permettre à son enfant intérieur de se libérer de ce carcan (d’obligation d’aimer). Cela permet à l’enfant de se sentir libre dans ses ressentis et d’accepter d’autant plus son mal être. Comment un enfant peut-il se sentir accueilli dans ses souffrances quand on l’oblige à aimer son tortionnaire ou celui qui l’a fait souffrir ?
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Il n'a pas non plus le devoir d'aimer ses grands-parents, oncles et tantes, sa fratrie, etc. Aucun Être n'a le droit de lui imposer qui il doit aimer ou ne pas aimer... Laisser libre l'enfant de suivre ce qui lui est juste et de ne pas accepter l'inacceptable ou l'intolérable.
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L’Être n’a pas à avoir peur de ne pas aimer son père et/ou sa mère. Cela ne vient en rien les juger ni même les mépriser. S’autoriser à ne pas aimer un parent permet juste d’être en accord avec sa souffrance et son mal-être.
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Un enfant aime son parent, oui, il y a une partie chez lui qui est, par nature, dans ce don. Mais l’enfant peut se retrouver face à un parent défaillant, maltraitant, violent voire même malsain et dangereux pour lui. L’enfant l’éprouve, ce qui met une partie de lui, en désamour et c’est… normal. L’enfant, dans son innocence est aussi à même de ressentir ce qui n’est pas bon pour lui et de ne pas aimer cela et donc celui ou celle qui lui fait mal.
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Comprendre cela permet de mettre du sens dans le non-sens et donc de lâcher autant la culpabilité (de ne pas aimer) que la pression (l’obligation aimer). Au milieu, se trouve la justesse. Ne pas aimer son parent n’est pas grave, n’est même pas une punition mais cela permet à l’enfant d’être en totalité accueilli dans sa souffrance. C’est aussi lui permettre de sortir du conflit de loyauté : il n’a pas à être loyal envers ses parents. L’enfant peut être authentique avec lui-même et avec les autres.
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Alors l’enfant peut être reconnu dans ses manques et besoins. En effet, s’il n’aime pas son parent c’est que ce dernier n’a pas été un bon parent pour lui et que cela à générer des attentes. Il les a d’abord transposées sur son parent qui n’y a évidemment pas répondu, et puis, cela s’est transféré, à l’âge adulte, sur les autres. L’enfant à l’intérieur de soi est enfermé dans ses attentes.
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Aller vers soi, communiquer avec son enfant intérieur pour lui permettre de ne pas aimer son parent, sans justification ni critique, juste avec ces mots pour le libérer du poids qu’il était mal de ne pas aimer son père et/ou sa mère. Lui dire que c’est normal de ne pas l’aimer parce que celui-ci n’a pas été bon pour lui. Peu à peu, l’enfant intérieur s’apaise parce qu’il est entendu et qu’il se retrouve en accord avec ses ressentis.
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Accepter qu’on puisse ne pas aimer son parent n’est pas limitant mais est à la fois ouverture et acte d’Amour. L’enfant peut s’Aimer lui-même quel que soit ses ressentis, il peut donc s’ouvrir à ses émotions sans être sous le poids du jugement (de lui-même et des autres). L’Être peut alors s’autoriser à ne pas tout acquiescer ni même endurer sous l’effigie de l’amour. Il apprend à se respecter, à dire « non ». Il s'écoute et suit sa vérité.
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L’Être sort aussi de la notion de supériorité (le parent représentant l’autorité/la domination et l’enfant l’infériorité et la soumission) : il peut refuser d’accepter ce qui n’est pas bon pour lui, il renverse alors l’idée que l’on peut avoir tous les droits sur lui (et d’aimer ça !). Si l’enfant ne peut pas renier son père ou sa mère, il a au moins le droit de ne pas aimer ce qui ne lui convient pas et d’aimer celui ou celle qui l'a « blessé ». Ainsi, il s’émancipe de la soumission et de la subordination. L’Être est libre de ressentir.
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Céline (04/05/17)
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