Le cri de la Femme (et de la Terre)
La Femme a été muselée, brisée, martyrisée. On l’a obligée à se taire, à se nier, à oublier et à ravaler sa fureur. Réduites dans un silence déchirant, un cri sans son, la Femme, la Terre portent en elles un hurlement à la hauteur des douleurs qui les lacèrent.
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Femme ! Libère ton cri de rage qui t’étouffe. Hurle au vent tes lamentations qui te cisaillent. Rugit ta colère qui te censure. Insurge toi pour que cesse les retors malfaisants.
Femme ! Dégage ce qui te t’empêche de respirer. Vomis ta honte, ta culpabilité. Régurgite la peur et l’ignominie.
Femme guerrière, femme sauvage ! Libère ton vacarme intérieur. Délivre-toi ! Ne porte plus cette souffrance qui te gangrène. Feule ta puissance !
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La Femme, la Terre ont été saccagées, souillées, maltraitées, violées. Leurs forces ont été écrasées et enfouies dans un sarcophage de silence… La Femme muette est alors morte à elle-même.
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Femme ! Vocifère l’enfer ! Exhorte les profanations.
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Le cri de la Femme déchiquette les secrets, les non-dits, les mensonges. Il reconnait les souffrances de Toutes les Femmes à travers le temps, l’espace et ceux de sa mère Terre. Son cri brise les chaines d’acceptation à l’intolérable et la prolifération de la violence par la soumission et la domination.
Le cri de la Femme établit la fin d’un cycle mortifère. Elle se libère de la rancœur, la victimisation, son envie de vengeance. Son cri l’apaise et ouvre au renouveau.
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Et quand la Femme devient lasse d’avoir crié toute la souffrance qui l’habite alors elle peut s’ouvrir à son cri intérieur et à la puissance de sa sonorité.